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DES PRINC. ET DES ORIGIN.

vogue pour que ce principe d’une matière abstraite pût se cacher sous la foi et la tutele de quelque prédicament de la substance. Aussi aucun d’entre eux n’a-t-il osé imaginer une matière purement fantastique ; mais ils ont regardé comme principe une des substances qui tombent sous les sens, en un mot, un être réel. Quant à la manière dont il varie, se modifie et se distribue, ils ont pris plus de liberté à cet égard, et celle qu’ils ont supposée est tout-à-fait chimérique ; car ils n’ont pas su découvrir par quel appétit ou stimulus (force, tendance ou effort) par quel moyen, quelle voie, quelle marche et quelle gradation un premier principe dégénère et revient ensuite à son premier état. De plus, on observe dans l’univers une infinité de choses contraires et d’oppositions ; par exemple, les corps sont denses ou rares, chauds ou froids, lumineux ou opaques, animés ou inanimés, toutes choses qui, luttant les unes contre les autres, s’affoiblissent ou se détrui-