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DES ANCIENS

que la ruine de sa patrie seroit l’effet de deux causes ; savoir, d’abord la conspiration de César et de Pompée, puis leur mésintelligence. Son génie élevé vit cette catastrophe long-temps avant l’événement, et sa prédiction fut une espèce d’oracle. Mais ce malheur qu’il sut prévoir de si loin, il ne sut pas le prévenir ; il fut même assez imprudent pour y contribuer, et son âpreté hâta la ruine de sa patrie[1] : observation judicieuse

    faut semer de l’avoine dans une mauvaise terre et des sottises dans l’oreille d’un sot, en réservant les choses spirituelles pour les gens d’esprit, et employer, avec chaque individu, non les meilleures raisons possibles, mais les moins mauvaises d’entre celles dont il veut bien se payer car tout est relatif.

  1. Caton d’Utique rival secret de Jules-César, dont les talens supérieurs et la noble aisance l’offusquoient, fournit, par les mesures violentes qu’il suggéra, et par d’imprudentes menaces, de très spécieux prétextes à l’élégant scélérat qui vouloit renverser la république. Il eut l’imprudence de dire que, si César (qui étoit encore dans les Gaules) licencient son armée, il l’appelleroit en juge-