Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/343

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judicieuses sur l’ensemble et l’ordre de l’univers ; mais il n’en est pas de même de ce qu’il dit sur les principes (h), il tombe même dans une erreur grossière, par rapport à cet ensemble. Dans son hypothèse, le systême du monde semble être éternel, et il ne parle point du chaos, ni des variations sans nombre qui ont pu et dû même avoir lieu dans le grand tout. Toute philosophie, soit celle de Télèse, soit celle des Péripatéticiens, ou toute autre qui, en imaginant un systême du monde, le bâtit, le balance et l’étaie, de manière qu’il ne paroisse point dériver du chaos, n’est qu’une philosophie superficielle, et qui se sent trop de la foiblesse naturelle de l’esprit humain (i) ; car tout homme qui ne raisonne que d’après le témoignage des sens, doit naturellement penser que la matière est éternelle ; mais que cet ordre que nous voyons dans l’univers, ne l’est pas.

Tel étoit aussi le sentiment des sages de l’antiquité la plus reculée, y compris Démocrite, celui d’entre les philosophes