Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/390

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autour de nous qu’un espace immense, presque désert, et où paroissent quelques soleils, semés de loin en loin. Si cet espace où se meuvent les planètes, est le ciel, comme la terre est une planète et se meut dans cet espace, nous n’avons pas besoin de mourir, ni de nous faire enterrer, pour monter au ciel, nous y sommes déja.

(e) Quoique le soleil décrive son orbite à l’ordinaire, et qu’on n’y observe aucun changement à cet égard. Dans l’année qui suivit immédiatement la mort de Jules-César, le soleil (regardé à travers un verre fumé) parut tout couvert de taches, et les productions de la terre ne parvinrent point à leur maturité. Nous supposons très gratuitement que le soleil est toujours dans le même état, et a, ou excite toujours la même chaleur. Cet astre nous paroît immuable, parce que nous n’observons pas, ou ne pouvons observer ses changemens : la vérité est qu’il change comme nous, mais plus lentement : il s’éteindra un jour, par la même raison que notre feu s’éteint tous les jours, par la raison, dis-je, que la cause (matérielle ou efficiente) qui le tient allumé, n’étant pas infinie, n’exerce son action que pendant un temps fini ; et il se peut que, d’un temps à l’autre, il s’éteigne plus ou moins, à notre insu : il n’est rien d’éternel dans l’univers, sinon la matière qui le compose et le principe qui l’anime.