Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
DES ANCIENS

avoit été célébrée comme elle méritoit de l’être, lui paroissoit injuste à lui-même), il déchaîna contre lui par ses secrètes instigations, les Cyclopes, qui obéirent aussi-tôt à ses ordres, et fulminèrent Esculape. Apollon tira vengeance de ce meurtre, en les perçant de ses flèches, sans que Jupiter s’y opposât.

Cette fable paroît désigner allégoriquement ta conduite de certains rois ; car quelquefois les princes de ce caractère châtient et dépouillent de leurs emplois des ministres cruels et sanguinaires ; mais ensuite, abusés par les conseils de Tellus, c’est-à-dire par des conseils peu généreux et peu honorables soit pour ceux qui les donnent, soit pour ceux qui les suivent, ils rappellent ces ministres disgraciés, et les emploient dans les occasions où ils croient avoir besoin d’exacteurs impitoyables et de sévères exécuteurs de leurs volontés. Ces derniers qui sont cruels de leur nature, et de plus aigris par le souvenir de leur disgrâce, ne manquent pas d’exécuter de tels or-