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de la sagesse

lisons dans l’écriture sainte, qu’avant les ouvrages des six jours, la matière étoit encore informe et confuse.

Voici quel est le sens de cette fable. Le ciel est cette vaste concavité qui embrasse la totalité de la matière ; Saturne est cette matière même qui a ôté à son père toute faculté d’engendrer. Car la quantité totale de la matière est toujours la même, et n’est susceptible ni d’augmentation ni de diminution. Les agitations et les mouvemens irréguliers de la matière ne produisirent d’abord que des assemblages confus, incohérens et imparfaits ; ce n’étoient encore, pour ainsi dire, que des ébauches de monde ; mais, dans la suite des temps, se forma un tout plus régulier, et susceptible de se maintenir dans son premier état. Ainsi, la première division des temps est désignée par le règne de Saturne, et lorsque le poëte dit que ce dieu dévoroit tous ses enfans, ces paroles indiquent les fréquentes dissolutions des premiers assemblages et leur courte durée ; la seconde