Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/109

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s’éloignent autant de cette science que nous cherchons, que les relations des exploits d’Artur de Bretagne, ou de Hugon de Bordeaux, et d’autres héros obscurs de cette espèce, diffèrent des commentaires de César, quant à la vérité historique. Car il est manifeste que César a fait réellement de plus grandes choses que tout ce que ces romanciers ont su imaginer en faveur de leurs héros ; et cela par des moyens qui n’avoient rien de fabuleux et ce qui nous donne une juste idée des doctrines de ce genre, c’est la fable d’Ixion, qui, aspirant aux faveurs de Junon, déesse de la puissance, eut affaire à une nuée, qui échappa aussi-tôt à ses embrassemens puis enfanta les centaures et les chimères. C’est ainsi que ceux qu’une passion insensée et sans frein entraîne vers ces objets qu’ils croient voir à travers les nuages et les vapeurs de leur imagination, ne recueillent, pour fruit de leurs efforts, au lieu d’effets réels, que de vaines espérances, que des fantômes difformes et monstrueux. Or, l’effet de