Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
232
DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

ses naturelles ? nous l’avons assignée, il n’y a qu’un moment, à la doctrine de l’âme. Mais s’il s’agit du rapport qu’elle a avec la rhétorique, nous renvoyons ce sujet à cet art même dont nous parlerons plus bas.

Quant à cette partie de la philosophie humaine, qui se rapporte à la logique, il est une infinité d’esprits dont elle ne flatte guère le goût et le palais ; elle ne leur paroît qu’une sorte de subtilité épineuse de piège, de filet. Et, de même qu’on a raison de dire que la science est l’aliment de l’âme, l’on peut dire aussi que, lorsqu’il s’agit d’appéter et de choisir cet aliment, la plupart ont un palais semblable à celui des Israélites dans le désert, lesquels soupiraient après les marmites pleines de chair et brûloient d’y retourner ; s’étant déjà dégoûtés de la manne, qui, toute céleste qu’elle étoit, leur sembloit moins savoureuse et moins appétissante. C’est ainsi qu’ordinairement les sciences qu’on goûte le plus sont celles qui ont quelque chose