Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/245

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qu’il ne dut cette invention qu’au hazard, et que, suivant l’expression des poëtes, il fit un larcin à Jupiter : en sorte que, par rapport à l’invention des arts, c’est à la chèvre sauvage que nous devons celle des emplâtres ; au rossignol, celle des modulations de la musique ; à la cicogne, celle des lavemens ; à ce couvercle de marmite qui sauta en l’air celle de la poudre à canon ; en un mot, c’est au hazard et à toute autre chose qu’à la dialectique que nous avons obligation de toutes ces découvertes. Et une méthode d’invention qui ne diffère pas beaucoup de celle dont nous parlons ici, c’est celle dont Virgile donne l’idée, lorsqu’il dit :

Afin que le long usage à force de méditer sur un même sujet sans cesse rebattu, inventât les arts peu à peu.

Car la méthode qu’on nous propose ici n’est autre que celle dont les brutes mêmes sont capables et qu’elles emploient fréquemment ; je veux dire, une attention soutenue, une perpétuelle sollicitude, un exercice sans relâche par rap-