Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/251

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C’est comme si Samuel se fût contenté de voir ceux des fils d’Isaï qui étoient à la maison et qu’on avoit amenés en sa présence, et qu’il n’eût pris aucune information au sujet de David qui étoit alors dans les champs. Cette forme d’induction, s’il faut dire la vérité toute entière, est si superficielle et si grossière, qu’il sembleroit incroyable que des esprits aussi pénétrans et aussi subtils que ceux qui ont tourné leurs méditations de ce côté-là, aient pu la produire dans le monde, si l’on ne savoit combien ils étoient pressés d’établir leurs dogmes et leurs théories, abandonnant les faits particuliers par une sorte de dédain et de faste mal placé, et sur-tout n’aimant point à s’y arrêter pendant un certain temps ; car ils ne se servoient de ces exemples et de ces faits particuliers, que comme d’autant de licteurs et d’appariteurs, pour écarter la multitude et frayer le chemin à leurs dogmes au lieu de les appeler, pour ainsi dire, au conseil dès le commencement, afin de ne rien arrêter qui ne fût con-