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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

et les mots sont comme les étiquettes des notions. Or, si les notions mêmes, qui sont comme l’âme des mots, sont extraites au hasard et sans une méthode fixe, tout l’édifice croule de lui-même. Et il ne faut pas croire qu’on puisse, par un laborieux examen des conséquences des argumens, ou de la vérité des propositions, réparer entièrement le mal ; attendu que, comme disent les médecins, l’erreur est dans la première digestion, qui ne peut être rectifiée par les fonctions ultérieures. Ainsi, ce n’est pas sans des raisons puissantes et faciles à apercevoir, qu’un grand nombre de philosophes, et quelques-uns même des plus célèbres, devenant académiciens et sceptiques, ont pris le parti de nier la certitude des sciences et des principes ; prétendant que, sur ce point, on ne pouvoit atteindre tout au plus qu’au degré de la vraisemblance et de la probabilité. Je ne disconviendrai pourtant pas que quelques-uns aient pensé que Socrate, lorsqu’il renonçoit à toute certitude dans les sciences, ne le faisoit