Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/16

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répétitions des mêmes choses connues depuis longtemps, et déguisées, tout au plus, par quelques légères variations dans la main-d’œuvre ou dans les expressions.

Ce fonds est d’autant plus mauvais, que le croyant bon, on ne fait aucune tentative pour l’améliorer. Quand on se croit déjà riche, on ne fait rien pour augmenter sa fortune, et l’on demeure pauvre.

Enfin le syllogisme est composé de propositions ; les propositions le sont de mots ; et les mots sont des espèces de jetons, une sorte de monnoie destinée à représenter la valeur des idées qui doivent représenter les choses mêmes telles qu’elles se trouvent dans la nature. Si donc les idées mêmes sont fausses, incertaines, incomplètes, obscures, confuses, ou extraites sans ordre et sans méthode, de la réalité des choses ; dès-lors les mots, les propositions et le syllogisme n’ont plus aucune valeur, aucune solidité ; et tout l’édifice qui porte sur une telle base, croule de lui-même.

Or, la plupart des notions reçues comme celles des substances, des modes, des qualités générales, actives ou passives ; celles des genres les plus élevés et des espèces supérieures ; enfin celle de l’existence même, ne valent rien, absolument rien.