Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/183

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tions suivantes : fantômes de race (préjugés de l’espèce) ; fantômes de l’antre (préjugés de l’individu) ; fantômes de commerce (préjugés de langage) ; fantômes de théâtre (préjugés d’école) [1].

  1. J’ai rencontré des gens de lettres, de talens assez distingués, qui s’extasioient devant cette nomenclature qui nous paroît à nous de mauvais goût, et de plus, assez inutile ; car nous ne voyons pas bien nettement en quoi elle peut aider à interpréter et à imiter la nature. Une erreur, un préjugé et un fantôme de l’esprit, ou une idée fantastique, ne sont pas précisément la même chose ; une erreur est une opinion fausse ; un préjugé est un jugement, vrai où faux, porté avant l’examen ; et un fantôme, une chimère, une idée fantastique ou chimérique, est une idée, et le plus souvent une image qui ne correspond à aucun objet réel, ou qui n’est point conforme à l’objet réel qu’elle doit représenter. Cependant, comme le but de ce premier livre est de préparer les esprits, en détruisant toutes les préventions, à ce mot fantôme qui pourroit déplaire à la plupart de nos lecteurs, nous substituerons (autant que le sens de l’original le permettra), le mot préjugé, qui, dans le langage reçu, a une signification beaucoup plus