Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/186

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XLII.

Les fantômes de l’antre sont ceux de l’homme individuel ; car, outre les aberrations de la nature humaine prise en général, chaque homme a une sorte de caverne, d’antre individuel qui rompt et corrompt la lumière naturelle, en vertu de différentes causes telles que la nature propre et particulière de chaque individu ; l’éducation, les conversations, les lectures, les sociétés, l’autorité dos personnes qu’on admire et qu’on respecte ; enfin la diversité des impressions que peuvent faire les mêmes choses, selon qu’elles rencontrent un esprit préoccupé et déjà vivement affecté par

    auquel elle est unie, attribue naturellement à l’univers les qualités de ce milieu à travers lequel elle le contemple : l’homme croit voir sur les objets la tache que le vice a mise dans son œil ; et l’erreur n’est le plus souvent qu’une maladie du cœur qui s’est jetée sur la vue. Pour voir nettement les objets, il faut, en épurant ce cœur nettoyer ainsi le verre de sa lunette.