Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/199

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on a beau vouloir imaginer les extrémités de l’univers, on n’en peut venir à bout ; et quelques limites qu’on y veuille supposer, on conçoit toujours quelque chose au-delà  (d). Il n’est pas plus facile d’imaginer comment l’éternité a pu s’écouler jusqu’à ce jour ; car cette distinction qu’on fait ordinairement d’un infini à parte ante (antérieur en temps) et d’un infini à parte post (postérieur en temps) est tout-à-fait insoutenable. De cette double supposition il s’ensuivroit qu’il existe un infini plus grand qu’un autre infini que l’infini peut s’épuiser, qu’il tend au fini etc. Telle est aussi cette subtile recherche qui a pour objet la divisibilité de certaines lignes à l’infini ; recherche qui fait bien sentira l’esprit sa foiblesse[1] ; mais cette foiblesse

  1. L’homme ne peut comparer l’infini, parce qu’il ne peut le concevoir ; il ne peut le concevoir, parce qu’il ne peut l’embrasser ; il ne peut l’embrasser, parce qu’il est lui-même fini ; et par la même raison qu’un muid ne peut entrer dans une