Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/297

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tain nombre d’espèces de corps originellement et essentiellement différentes ; mais que, par le seul effet des différentes combinaisons et proportions, elle peut devenir successivement terre, eau, air, feu, etc. et le devient en effet ; ceux-là, dis-je, lorsqu’ils considèrent la matière dans toute sa généralité, sont obligés de faire abstraction des différens états par lesquels elle passe, et de n’envisager que ses qualités générales, essentielles, éternelles et indestructibles, telles que l’impénétrabilité, l’étendue, la figurabilité, la mobilité, etc. car, pour bien définir une chose qui a des qualités essentielles et permanentes, et d’autres qualités accidentelles et passagères, pour dire ce qu’elle est toujours et par-tout, il est clair qu’il faut faire abstraction des dernières qualités, et ne faire entrer dans la définition que les premières. Et c’est ainsi qu’en définissant ce mot même de définition qui en a grand besoin, l’on trouve que l’opinion ici attaquée par Bacon n’est pas aussi déraisonnable qu’il le pense. Mais cette opinion, qui nous paroît vraie, est-elle utile aussi ? Oui, sans doute ; car, si, à force d’analyser, nous parvenons à savoir de quelles combinaisons et proportions des qualités essentielles et éternelles de la matière, se forment les qualités accidentelles et passagères dont nous avons successivement besoin, nous pourrons, en combinant et graduant les premiè-