Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/335

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cultivés jusqu’à un certain point, la philosophie naturelle[1] n’a eu en partage que la moindre partie de l’attention et de l’industrie des hommes. Cette science si négligée doit pourtant être regardée comme la mère de toutes les autres. Car une fois que les sciences et les arts sont séparés de cette science primaire, qui est comme leur racine, on peut bien ensuite les polir et les façonner pour l’usage ; mais on a beau faire alors, ils ne croissent plus. Or, il est constant que depuis l’époque où le christianisme eut été adopté et fut, pour ainsi dire, parvenu à son point de maturité, le

  1. Dans l’idiome maternel de l’auteur, ces deux mots natural philosopher (philosopheur naturel), désignent ordinairement un physicien ; et le mat physician, qui semble répondre à notre mot physicien, désigne un médecin. Mais les deux premiers mots sont pris ici dans un sens beaucoup plus étendu, et signifient toute science qui a pour base l’observation, l’expérience et le raisonnement ou l’analogie : c’est ce dont on verra la preuve dans l’aphorisme suivant.