Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/34

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vent être comparés la lumière, qui, n’étant pas elle-même d’aucune utilité, est pourtant nécessaire pour voir tous les objets, pour nous distinguer les uns des autres, pour exercer les arts, les métiers, etc. ou aux lettres de l’alphabet, lesquelles, prises une à une, ne signifient rien, mais qui combinées en différens nombres et arrangées de différentes manières, sont les élémens et comme la matière première du discours.

On sera peut-être choqué de nous voir attaquer ainsi les philosophes, anciens et modernes, tous à la fois, et renverser, d’un seul coup, tous les systèmes ; on auroit sans doute raison de l’être, si nous nous permettions d’user contre eux de personnalités ; mais ce n’est ni à leurs talens, ni à leur caractère, ni à leurs personnes que nous en voulons, c’est seulement à leur marche, à leur méthode, à laquelle nous pensons qu’on doit préférer la notre, que nous ne regardons point comme une production du génie, mais comme un présent du hasard, comme un fruit du temps. Et si, à l’aide de cette méthode, nous avons fait quelques pas dans la véritable route, nous ne prétendons pas en tirer gloire. Car se vanter de pouvoir tracer une ligne droite à l’aide d’une règle, ou un cercle à l’aide d’un compas et avec plus d’exactitude que tout autre ne le pourroit faire avec la main seule sans le secours d’aucun instrument, c’est assuré-