Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/66

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moins que gratuite, et qui pourroit même passer pour un axiome. Il seroit certainement absurde et même extravagant de supposer que tous les élémens de la matière sans exception sont entrés dans la composition des mixtes actuellement existans, qu’ils y ont tous été employés, et que ceux qui se détachent à chaque instant de ces composés, entrent sur-le-champ dans la composition d’antres mixtes, et y restent agrégés. La supposition contraire, ou plutôt contradictoire, est donc incontestable ; et sa conséquence immédiate est que l’espace doit être, du moins en partie rempli, par un fluide composé des élémens matériels qui n’ont jamais fait partie d’aucun composé, s’il en est de tels et de ceux qui sont les débris des composés entièrement dissous, ou seulement écornés par les chocs, ou enfin limés par les frottemens réciproques ; fluide qui doit être de la plus grande activité, puisque les élémens matériels de toute espèce avec les propriétés simples et radicales qui leur sont inhérentes, s’y trouvent confondus et avec toute leur primitive énergie.

Ainsi la supposition de Bacon n’est rien moins qu’un rêve philosophique. Mais sans aller jusqu’aux derniers élémens, et en hazardant un peu plus, ne pourroit-on pas conjecturer que ce fluide qu’il suppose résidant perpétuellement dans tous les corps tangibles, n’est autre que la matière solaire, lan-