Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/86

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flottent dans l’océan septentrional, et se portent, par la mer atlantique, vers ces côtes dont nous parlons, lancent, pour ainsi dire, le froid, et se font sentir de fort loin[1]. Les odeurs également se font sentir à des distances notables ; mais alors il y a toujours quelque émission de substance vraiment corporelle. C’est ce

  1. Dans mon voyage à Terre-Neuve, lorsque nous traversions la banquise ; c’est-à-dire, ce nombre infini de glaces, de toute forme et de toute grandeur, dont la mer, dans ces parages, est presque entièrement couverte, et qui s’étendent jusqu’à soixante, soixante-dix et même quatre-vingts lieues des côtes, j’observai qu’au moment où quelqu’une de ces masses énormes étoit, par rapport à nous, à peu près dans la direction du vent régnant, ce vent qui avoit effleuré et, en quelque manière, léché cette masse glaciale, étoit très froid et très pesant ; effet dont une partie se faieoit sentir, non-seulement à nous, mais même à nos voiles et à notre vaisseau, dont il augmentoit la vitesse, excepté à l’instant où la glace étant précisément dans la direction du vent, nous l’ôtoit en partie ; ce qui occasionnoit un calme de quelques minutes.