Page:Bacon - Œuvres, tome 7.djvu/420

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ter si parfaitement la voix de certains comédiens, que, si l’on ne voyoit les imitateurs, on croiroit entendre ces comédiens mêmes. Il en est de même de la voix de toute autre classe d’hommes qu’ils imitent aussi-bien.

241.11 est des hommes qui savent, en affoiblissant leur voix, la rendre semblable à une voix qui viendroit de fort loin (ce qui au fond n’est, par rapport à l’ouïe, qu’un objet secondaire), et l’illusion est si grande, qu’une personne qui, étant auprès de vous, parle de cette manière, vous semble être à une lieue, ce qui ne laisse pas d’être effrayant[1]. Il faut chercher aussi la cause de cette singularité. Après tout, je ne vois pas qu’un pareil talent puisse être d’une grande utilité ; sinon pour imposer à des hommes simples, et leur faire croire qu’ils entendent parler des esprits.

  1. Un curé de St. Germain-en-Laye ; qui avoit ce petit talent, s’amusoit à effrayer de vieux militaires avec lesquels il se promenoit le soir.