Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/133

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765. L’expérience journalière prouve qu’un corps d’un poids quelconque, mais simplement posé sur un autre corps, n’a jamais autant de force pour le rompre, le briser, le diviser, le presser, que si, ayant placé le corps supérieur à une certaine distance du corps inférieur, on se sert du premier pour frapper le dernier, soit en le poussant avec la main, soit en le laissant tomber dessus. Il se peut que, dans ce dernier cas, l’air même contribue, jusqu’à un certain point, à augmen-

    la communication du mouvement ; paradoxe qui peut choquer à la première vue, mais qui n’en est pas moins une vérité fondamentale, et auquel il faut s’accoutumer, parce qu’il est une des plus grandes clefs, non-seulement de la physique, mais même de la morale ; car la vertu n’est qu’une certaine force de résistance, qu’une faculté habituelle de résister et à la force morte de notre inertie ou paresse naturelle, et à la force vive, soit de nos propres passions, soit des passions d’autrui. La plus grande partie des résistances que nous éprouvons, sont nécessaires pour nous faire agir et exister par cette action.