Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/336

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deux quantités égales de sucre, mettez l’une dans une eau déjà sucrée ; et l’autre, dans une eau qui ne le soit pas[1], afin de voir si la première le deviendra plus promptement.

  1. Cette expérience semble contraire à toutes les notions chymiques, et même à celles du sens commun. Car c’est une opinion reçue en chymie, opinion bien naturelle ; que, plus un dissolvant liquide est chargé et saturé d’une substance, moins il en peut dissoudre une nouvelle quantité ; par la même raison qu’après avoir beaucoup mangé, on a moins d’appétit. Cependant il se pourroit qu’à notre insu, la mème liqueur qui, ayant déja dissous une grande quantité de cette substance, ne peut plus en dissoudre qu’une très petite quantité, fût néanmoins en état de la dissoudre plus vite, que ne le pourroit une même quantité du même liquide qui ne seroit pas encore chargée de cette substance. Le résultat contraire est sans doute beaucoup plus probable ; mais, s’il est probable, reste donc à le prouver. Car une seule expérience vaut mieux que cent probabilités ; et il faut presque toujours préférer les probabilités qui excitent à faire des expériences, à celles qui empêchent d’en faire.