Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/507

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les faits de ce genre que nous lisons dans l’histoire de la Grèce et de Rome ; relations qui nous disent que le peuple, étant assemblé au théâtre, et occupé de regarder les jeux, eut la nouvelle d’une victoire ou d’une défaite, plusieurs jours avant l’arrivée du courrier[1] ?

Il faut convenir toutefois, que les hommes ont bien pu, dans ces occasions, comme dans une infinité d’au-

  1. Nous expliquerons ces faits par l’indication d’une cause très naturelle ; savoir : l’association des idées. La masse, ou plutôt les dix mille masses d’air qui, après avoir successivement lavé et, pour ainsi dire, léché un vaste champ de bataille couvert de plusieurs milliers de morts et de blessés, se seront imprégnées des émanations un peu fétides, qui s’en exhaloient, n’auront pu s’en dégager totalement qu’après avoir parcouru un fort grand espace. Supposons de plus que le vent régnant, et le lieu où s’étoit donné la bataille, fussent à peu près dans la même direction, par rapport à Rome, et qu’une seule de ces dix mille masses d’air s’étant portée vers cette ville, ait traversé l’amphithéâtre, tandis que le peuple étoit occupé de regarder les jeux. Cela posé, l’odeur de ces éma-