Page:Bacon - Œuvres, tome 9.djvu/65

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qu’il dépende d’une émotion plus légère ; car la véritable joie a je ne sais quoi de sérieux. En quatrième lieu, les objets propres et directs du rire sont les difformités, les extravagances, les tours fins et nouveaux, les traits ingénieux, etc.[1].

  1. Toutes ces définitions et une partie des explications dont elles sont la base, nous paroissent manquer un peu de justesse : voici quelque chose de plus exact. Le rire est l’expression naturelle de la joie. Or, nous nous réjouissons, ou de nos propres succès et de nos propres perfections, ou des défauts et des disgrâces d’autrui, quand nous croyons y gagner quelque chose. Ce que nous appelons ridicule, dépend ordinairement d’un défaut de convenance ou de proportion entre les moyens qu’emploie une personne, et la fin qu’elle se propose, lorsque cette méprise suppose en elle quelque qualité méprisée, et n’a point de conséquences trop funestes. Son erreur nous réjouit alors, sur-tout devant témoins, parce que nous nous imaginons que tout ce qui rabaisse à leurs yeux un autre individu, nous élève d’autant ; et que tout ce qu’il perd dans leur opinion, nous le gagnons. Voilà pourquoi nous aimons les plaisans qui n’épargnent que nous ; il nous semble