Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/100

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et il ne fallait pas trop compter sur leur réalisation. Malheureusement il n’y avait rien d’autre à tirer de ces gens-là ; la plus savante et la plus habile diplomatie se serait brisée contre la mauvaise foi et la force d’inertie du Premier Ministre. Les représentants de la France avaient essayé successivement de la douceur, de la fermeté, voire de la brutalité ; ils avaient tous échoué les uns après les autres ; leur position d’ailleurs était presque toujours fausse, puisque leurs réclamations, plus ou moins énergiques, ne pouvaient être soutenues par un chiffre de troupes suffisant. Et il en sera ainsi tant que le gouvernement hova pourra échapper à notre influence, et que, renfermé derrière ses montagnes, il se croira à l’abri d’une intervention directe de notre part.

Mais Michel ne se tint pas pour battu. Maintenant qu’il avait recouvré toute son énergie, il se jura que rien ne lui ferait abandonner son œuvre, et qu’il soutiendrait la lutte jusqu’au bout, encore qu’il sût ne pouvoir compter que sur lui-même.

Et d’abord, puisque ses travailleurs indigènes l’avaient quitté pour la plupart et qu’il ne pouvait faire grand fond sur les autres, il se décida à les remplacer tous par des Comoriens, des Makoas, voire par des créoles de Maurice engagés directement par lui, grâce surtout à l’intermédiaire de son oncle Daniel ; ils lui coûteraient naturellement beaucoup plus cher, mais au moins ils ne lui manqueraient pas à l’heure voulue.

Le danger était que le gouverneur de la province, Ramasombazah, principal instrument du Premier Ministre dans cette lutte sans merci, furieux de voir que rien ne pouvait