Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/126

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Presque aussitôt le capitaine Gaulard reparut et dit aux deux jeunes gens que le Général, fort occupé, chargeait le colonel Lebreton, un de ses principaux officiers, de les recevoir à sa place ; puis il les fit passer, en leur recommandant de ne pas trop prolonger leur visite.

« Vous avez demandé à voir le Général ? » dit le colonel en s’inclinant poliment.

Alors Henri Berthier-Lautrec raconta avec une émotion communicative les tristes événements qui les avaient laissés orphelins tous deux à quinze cents lieues de Paris, où ils étaient nés et où ils avaient grandi.

Le jeune homme sut trouver, surtout en rappelant les détails navrants du meurtre de son père, des paroles si touchantes que sa sœur éclata en sanglots et que le colonel, ému lui-même, les assura tous deux de son vif intérêt.

« Ce que je vous demande, mon colonel, répondit Henri, c’est de venger la mort de notre père, en faisant châtier ses assassins comme ils le méritent.

— Je vous promets, en ce qui me concerne, dit le colonel, de m’employer de mon mieux pour vous donner satisfaction.

— Ce n’est pas tout, mon colonel. Je n’oublie pas non plus que je suis Français. S’il ne m’est pas possible, en raison de mon âge, de solliciter de vous un fusil et une place dans le rang, je pourrais du moins, grâce à ma connaissance du pays, de la langue, des habitudes des Malgaches, vous rendre quelques services comme secrétaire, interprète ou simple guide.

— Ah ! pour cela, ce n’est pas aussi facile que vous pensez, répondit le colonel. Ici, tout le monde est classé, numéroté,