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CHAPITRE II

Lettre d’un revenant


Quelques jours après, Michel Berthier trouva dans son courrier du matin la lettre suivante :


Manakarana, province du Boueni, Madagascar,

17 août 1892.


Mon cher Michel,

C’est un revenant qui t’écrit. Tu ne te souviens peut-être plus de ce cerveau brûlé d’oncle Daniel qui fut, de tout temps, l’épouvantail de la famille ? Si par hasard tu ne m’as pas complètement oublié, tu dois penser que je dors depuis belles années au fond de quelque trou tropical, sous une latitude extravagante. Quant à moi, j’ai conservé un souvenir très précis de ta physionomie, et il me semble que je te reconnaîtrais tout de suite si je me trouvais nez à nez avec toi, bien qu’il y ait quelque chose comme vingt-huit ans, si je sais compter, que nous nous sommes quittés. Je te vois encore avec ton képi et ta tunique