Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/174

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« Où suis-je ? Et qui êtes-vous ?

— Vous êtes chez des amis, répondit Marguerite simplement.

— Par pitié, mademoiselle ! insista-t-il. J’ai la tête encore si faible ! Dites-moi que je ne suis pas fou, ou que je ne rêve pas. Il me semble que je vous ai déjà vue. Où ? Je ne sais pas, je ne me souviens plus. Mais je vous reconnais.

— Voulez-vous bien ne pas parler autant ! dit Marguerite vivement sans autrement répondre. Vous allez me faire gronder par notre bon docteur. Justement, voici l’heure de sa visite. Je me sauve. »

Et, légère comme un oiseau, elle quitta la chambre. Elle avait reconnu, elle aussi, le malheureux officier dès le premier moment, malgré sa figure amaigrie, rendue plus effrayante encore par une barbe de deux mois. Dans cet ordre d’idées, les jeunes filles ont des yeux particulièrement pénétrants. Elle n’avait même pas eu besoin de consulter la feuille des hospitalisés délivré à l’oncle Daniel par le service de Santé de Majunga et qui portait en tête :

« Gaulard, Georges, capitaine breveté, attaché à l’état-major du général de brigade, commandant le 1er groupe ; 33 ans ; fièvre, anémie paludéenne. »