Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/188

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dans le bureau du subrécargue, tira son carnet de chèques sur la succursale du Comptoir d’Escompte de Majunga, et demanda quel chiffre il devait inscrire.

Le subrécargue ouvrit son livre et répondit :

« Mais vous ne me devez rien, monsieur. Tout est payé.

— Comment cela ? répondit Daniel stupéfait. C’est impossible. Il y a erreur.

— Voyez vous-même. »

Daniel regarda sur le livre et constata qu’en regard de l’inscription des quatorze caisses expédiées à M. Daniel Berthier-Lautrec, ambulance de Maevasamba, par Manakarana, province du Boueni, Madagascar, livrables en gare de Majunga, il y avait la mention : « Tous frais payés, rien à percevoir. » Cela était en contradiction si formelle avec la façon de procéder ordinaire de ses correspondants de Marseille que Daniel ne voulait point se rendre, d’autant plus que, tout compris, l’envoi devait se monter à une somme assez ronde, cinq ou six mille francs pour le moins. Convaincu que cela ne pouvait être qu’un malentendu, il voulait laisser une forte provision entre les mains du subrécargue ; mais celui-ci s’y refusa énergiquement ; son livre étant parfaitement en ordre, il lui était impossible d’encaisser des fonds qui ne lui étaient pas dus. Le vieux Daniel insistant pour payer, le subrécargue s’obstinant à ne pas recevoir, la discussion menaçait de tourner à l’aigre, si bien qu’impatienté, le subrécargue déclara tout net au vieux Daniel que, si celui-ci ne se décidait pas enfin à prendre livraison des quatorze caisses expédiées de Marseille à son adresse, il se verrait dans la nécessité de les faire débarquer d’office pour être déposées dans les magasins des Messageries, attendu qu’il était