Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/190

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fort possible que la lettre à lui adressée, en supposant qu’il y en eût une, fût déjà partie pour sa destination.

« Vous l’aurez croisée en route, et vous la trouverez en rentrant chez vous », dit l’agent à Daniel.

Le vieux négociant n’était point convaincu ; mais, de guerre lasse, il dut s’incliner. Sur son ordre, la Ville-de-Paris, qui l’avait amené de Manakarana, vint se ranger bord à bord contre le Yang-Tsé ; le transbordement se fit sans accident et, le soir de ce même jour, Daniel quittait la rade de Majunga, cherchant encore à comprendre comment les choses avaient dû se passer.

A Manakarana, il fallut ouvrir les caisses et les dédoubler, car elles étaient fort pesantes, et leur transport ne demanda pas moins d’une trentaine de porteurs, qui mirent trois jours à gagner Maevasamba.

En arrivant, Daniel trouva, comme l’avait supposé le subrécargue du Yang-Tsé, une lettre de la maison Cassoute frères qui lui donnait la clef du mystère.

Aussitôt la réception de la dépêche de Daniel, le bruit s’était répandu dans Marseille qu’on préparait chez Cassoute un stock considérable de médicaments pour une ambulance privée de Madagascar. A cette nouvelle, l’Association des Dames françaises, section de Marseille, s’était émue ; le comité, convoqué d’urgence, avait voté à l’unanimité qu’on prendrait au compte de l’association tous les frais de l’envoi, transport compris. Dans un élan de patriotique enthousiasme, les charitables dames marseillaises avaient également résolu de ne point borner ledit envoi aux médicaments demandés par le vieux Daniel, et elles y avaient joint tout un chargement de denrées