Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour nous, nous n’avions affaire qu’à des Hovas. Aussitôt le Betsiboka passé, l’avant-garde avait continué son mouvement. Dans la matinée du dimanche 9 juin, elle arriva au pied de la colline isolée et escarpée sur laquelle s’élève Mavetanana. Nos canons de batterie prirent position sur un petit mamelon à deux mille cinq cents mètres de la ville, encadrés à droite par le 40e bataillon de Chasseurs et à gauche par les Tirailleurs algériens. Quelques lambas blancs s’étant laissés apercevoir dans un petit bois à mi-côte, l’artillerie le fouilla avec une dizaine d’obus, pendant que Chasseurs et Tirailleurs exécutaient leur mouvement par le nord et par le sud à la fois. Les canons ennemis ouvrirent alors le feu ; leur tir devait être repéré, car leurs obus arrivaient dans nos lignes et un lieutenant de la batterie eut son casque traversé par un éclat. Nous répondîmes vigoureusement ; et, un groupe de Hovas assez imposant s’étant montré à la pointe nord de la ville, on envoya dans cette direction quelques projectiles chargés à la mélinite. L’effet produit fut extraordinaire. Le bruit terrifiant et tout particulier que fait la mélinite en éclatant, les gerbes de terre et de pierres qu’elle soulève et projette de tous côtés déterminèrent immédiatement un sauve-qui-peut général. Nous entendîmes une immense clameur qui dominait le fracas des détonations ; puis les canons hovas se turent et nous vîmes de loin des milliers de lambas blancs dévalant précipitamment par les pentes sud, poursuivis par nos feux de salve qui en démolirent des quantités. « Les balles françaises, nous dit le soir même un prisonnier, balayaient nos rangs comme l’eau qu’un jardinier répand dans un jardin au moyen d’un arrosoir. » Un détail assez typique : les