Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/236

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diable pour remonter le moral de leurs hommes. Il ne faut pas oublier toutefois que, quelque regrettables qu’aient été ces arrêts prolongés à Majunga, à Marovoay, à Suberbieville et à Andriba, ils étaient absolument forcés, attendu qu’en se retirant les Hovas brûlent derrière eux les villages, détruisent les récoltes, enlèvent les bœufs, et tout ce qui pourrait servir à l’alimentation de nos soldats ; le service des subsistances ne devait donc compter désormais que sur les ressources de Suberbieville et de Majunga ; et, en s’avançant autrement qu’avec une extrême prudence, on pouvait s’exposer à manquer de tout. C’est égal, nous ne serons pas fâchés d’arriver au bout de nos peines. Vous aussi, vous devez commencer à trouver que la solution se fait bien attendre. Et encore vous, vous pouvez vous rendre compte des obstacles qui nous barrent le chemin ; mais en France, à Paris, on ne doit rien comprendre aux lenteurs de notre marche en avant ; on doit s’impatienter, s’inquiéter, pester, s’emporter même. Je les entends d’ici, ces stratégistes en chambre, s’indigner, en arpentant le boulevard un bon cigare à la bouche, contre cette expédition qui n’aboutit pas. Comme on voit bien qu’ils ne connaissent pas le pays ! Ils se figurent évidemment qu’il n’y a qu’à avancer d’étape en étape, sur une route toute tracée, pavée même peut-être. Je voudrais les voir se débrouiller un jour seulement avec nous. Enfin, espérons qu’une fois que nous serons à Tananarive, ils daigneront reconnaître qu’après tout cette rude campagne ne laissait pas d’offrir quelques difficultés. Mais ne parlons plus de cela. Nous prendrions encore notre parti d’être si injustement jugés dans les cafés ou les cabinets de rédaction des journaux de la métropole,