Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/267

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Mais voici l’artillerie, la nôtre, qui arrive. Il est trois heures. Le bombardement commence. Les canons de la 1re brigade tirent sur le Palais de la Reine et ceux de la 2e brigade sur le Palais du Premier Ministre.

La ville riposte énergiquement. De partout, surtout de la terrasse du Palais de la Reine, les Hotchkiss, les tirailleuses Gardner, les canons-revolvers font rage. D’où nous sommes placés, Henri et moi, nous apercevons distinctement les barricades élevées dans les rues de la ville et, derrière les barricades, un grouillement de lambas blancs.

Patience ! voici les obus à la mélinite, réservés pour la circonstance, qui entrent en danse. Le premier pénètre dans le toit du Palais de la Reine et entraîne le drapeau blanc à coin rouge qui disparaît ; le second tombe sur la terrasse, noire de monde, où il doit faire un dégât énorme. Les coups se précipitent. Le feu de l’ennemi se tait, éteint par celui de nos trois batteries. On n’entend plus rien. Dans les rues, sur les terrasses, on ne voit plus personne, il semble que la population ait disparu subitement.

Le Général en chef envoie un prisonnier signifier aux autorités que si dans un quart d’heure, c’est-à-dire à 3 heures 45, aucun parlementaire ne s’est présenté l’assaut sera donné immédiatement.

Les dernières dispositions de combat sont prises. Les bataillons destinés à être lancés les premiers sont désignés : ce sont le bataillon malgache, le 2e bataillon du Régiment d’Algérie, le bataillon du 200e, le bataillon de la Légion étrangère, le 3e bataillon du Régiment d’Algérie, soit cinq bataillons en tout pour marcher sur une ville de quatre-vingts à cent mille hommes. Les chefs reçoivent