Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/285

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je sais ce que je voulais savoir. A l’autre, maintenant ! »

Puis, comme il n’aimait pas laisser traîner les choses, il partit immédiatement à la recherche du Capitaine. Il le trouva avec Henri dans une vaste pièce de terre récemment défrichée, qu’on était en train de préparer pour y mettre des plants de café de la Martinique. Passant son bras sous celui de l’officier, il l’emmena sous prétexte de lui faire voir une petite forêt de palissandres qu’il engageait son neveu à mettre en exploitation dès l’année suivante. Le bois consciencieusement exploré, le vieux Daniel, démasquant ses batteries, dit à brûle-pourpoint à Georges Gaulard :

« Ce n’est pas tout ça ! Avez-vous réfléchi à ce que je vous ai dit ce matin ? Allons ! un bon mouvement, mon capitaine ! Laissez-vous faire, que diable ! Et je vous réponds qu’avant dix ans vous serez millionnaire, tandis qu’avec votre métier de meurt-de-faim, à quoi arriverez-vous ?

— Mais, mon cher monsieur Daniel, répondit l’officier un peu étonné de cette insistance, je vous ai dit mes raisons.

— Vos raisons ! Je m’en fiche pas mal de vos raisons. Si j’avais écouté dans le temps les raisons qui m’empêchaient, soi-disant, de m’établir à Madagascar, je ne serais pas aujourd’hui à la tête d’une maison de commerce qui jusqu’à la guerre m’a donné bon an, mal an, une jolie moyenne de soixante-quinze mille francs.

— Soixante-quinze mille francs ! fit le Capitaine ébloui. Mais, dites-moi, les événements ont dû jeter un grand désarroi dans une entreprise de cette importance ?