Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/292

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nièce, lui mit paternellement la main sur l’épaule en disant :

« En ce qui te concerne, mon petit, tu ne mets pas d’opposition à nos arrangements ?

— Mon bon oncle chéri ! » balbutia la jeune fille, en se jetant toute sanglotante entre les bras de l’excellent homme.

Se tournant alors vers Georges Gaulard sans quitter sa nièce, Daniel ajouta, en frappant un coup vigoureux sur sa vaste poitrine :

« Allons ! mon capitaine, un peu de courage que diable ! Il y a encore une place pour vous. »

Poussé affectueusement par Henri, Georges Gaulard secoua enfin le trouble qui l’étreignait, et se jeta à son tour au cou de Daniel ; et ce fut là, sur la poitrine du vieux négociant de Manakarana, que les deux jeunes gens échangèrent leur baiser de fiançailles.

« Alors, reprit Daniel triomphant, lorsque l’émotion générale eut été un peu calmée, l’article quatorze est adopté sans opposition ? »

Mais maintenant les deux fiancés, la main dans la main, n’écoutaient guère ; ils n’avaient plus d’oreilles, plus d’yeux que l’un pour l’autre.

Afin de les laisser savourer à l’aise ces doux instants, les plus doux qu’il leur était peut-être réservé de rencontrer dans la vie, le vieux Daniel emmena Henri et le docteur Hugon à l’autre bout du salon.

« Eh bien ! mon vieux Hugon, demanda-t-il au docteur, qu’est-ce que tu dis de tout ça ?

— J’en suis aussi content que toi. Mais le diable m’emporte si j’avais vu que du feu à tout ce qui se mitonnait