Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/297

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de joie et d’orgueil dans un magnifique habit noir qu’il s’était fait faire pour la circonstance par Lewisson, le tailleur anglais de Majunga.

L’office achevé, ce fut, à défaut de sacristie suffisante, sur le perron même de l’église qu’eut lieu la cérémonie des présentations et des félicitations aux nouveaux mariés. S’approchant le premier de Mme Georges Gaulard, radieuse de bonheur aux côtés de son mari, le général Metzinger lui adressa, d’une belle voix bien timbrée qui remua profondément l’assistance, le petit discours suivant :


« Madame,

J’ai tenu à vous apporter moi-même les vœux des chefs et des camarades de votre mari. Nous devrions vous en vouloir de nous enlever un de nos meilleurs officiers, qui ne laisse que d’affectueux regrets parmi nous ; mais nous vous pardonnons, parce que nous sommes sûrs qu’il sera heureux avec vous et par vous ; et aussi parce que nous savons qu’après avoir failli mourir pour la conquête militaire de Madagascar, il en poursuivra sous une autre forme et avec d’autres moyens la conquête morale, commerciale et industrielle, suivant en cela le noble exemple laissé par d’autres. Peut-être ne devrais-je pas, en évoquant ici de cruels souvenirs restés toujours vivants dans votre cœur, risquer d’attrister, la joie d’un pareil jour ? Et cependant, à une femme comme vous, Madame, on peut, on doit tenir un langage viril. Votre père, votre mère ont donné leur vie à cette terre de Madagascar, où ils étaient venus chercher une seconde patrie ; et l’établissement qu’ils y avaient fondé sans marchander