Page:Badin - Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l’Expédition, 1897.djvu/51

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huile de ricin, huile de pied de bœuf. En somme, nous pouvons dire que nous possédons, en germe au moins, toutes les productions indispensables à la vie et bon nombre de celles qui la rendent facile et agréable. Si dès à présent Madagascar a pris rang parmi les nations commerciales, que sera-ce lorsqu’une culture plus étendue et mieux dirigée aura décuplé ses produits naturels, lorsque son industrie se sera développée normalement, et que les points les plus éloignés de l’intérieur auront été reliés aux ports de la côte Est ou de la côte Ouest par des voies de communication suffisantes ? Placée sur le chemin du Cap, qui redeviendra bientôt sans doute une des grandes voies du commerce universel, elle offre à l’activité de nos commerçants, de nos industriels, de nos colons, un champ d’action incomparable. Quant aux indigènes, je les connais pour les avoir longtemps pratiqués ; mon avis est qu’on les juge souvent trop sévèrement. C’est un peuple en voie de formation ; il ne faut donc pas trop s’étonner d’y trouver un amalgame assez hétéroclite de sauvagerie et de civilisation. Le seul fait de sa tendance, poussée parfois, à copier nos institutions, nos procédés et nos modes, ne suffit-il point à démontrer qu’il est loin d’être rebelle aux idées de progrès ? S’il pouvait s’assimiler en même temps notre énergie et notre goût du travail, on aurait les meilleures raisons de croire qu’avec ses qualités natives, son intelligence, son habileté de main, sa souplesse naturelle, il est appelé à un bel avenir. Avec notre aide, ces prévisions se réaliseront peut-être plus tôt qu’on ne le pense.