Page:Baif - Prières, 1587.djvu/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Miſericordiam tuam.

Seigneur Dieu, Pere Saint, Eternel, Toutpuiſſant,
Pieté nous contreint d’afection huméne,
Pour vn autre prier que doutons eſtre en péne,
Au feu de Purgatoire auiourdui languiſſant :
Et nous pour nos pechés déurions nous tapiſſant,
Nous meſmes ſuplier, ſi la raiſon bien séne
Commandoit dedans nous. Mais ta bonté certéne,
Mancans pour nous nous viẽt pour autre enhardiſſant.
Plaiſe toi donc benin l’âme à toi retournante
En ta grace infinie à iamais receuoir :
Ton Ange Saint Michel l’aſſiſte tout-crégnante.
Que par les ſaintes mains de tes Anges portée
Voiſe au ſein d’Abraham, pour ta lumiere voir,
Des tenebres d’enfer & leur Prince exemtée.

Nullis iam primæuæ.

Céte âme, ô Seigneur Dieu, ne s’en aille confuſe,
Ni pour empeſchement de quelque iniquité,
Ni pour erreur venant de la fragilité,
Ni pour aucune tache en la neſſance infuſe.
Plus tôt telle ran-la que nul ne la refuſe :
Plus tôt par tous les tiens en ton éternité
Soit receuë auouée, à la felicité
Du repos des heureus, dou ne reuiene excluſe.
Tellement qu’au iour creint de ton grand iugement,
Rentrant dedans ſon cors elle ſe reſſuſcite
Auéque tes elus d’vn diuin changement.
La-où pour tout iamais de tout vice expiés,
Contemplans ta ſplendeur qui tous plaiſirs excite,
Des biens promis aus bons ſoions raſſaziés.