Page:Baif - Prières, 1587.djvu/9

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Qui come vne fleur paſſe & fanît langoureus :
Tot dechet & ſe perd come vne ombre fuiant.
Iamais en vn eſtat on ne le voit durer.
Toi ſur lui qui eſt tel degnant ouurir tes yeus,
Tu le fais comparoir lui pauure vicieus,
Voire en plein iugement dauant toi s’aſſurer.
Et qui peut rendre net celui qui eſt conçu
D’vne ſale ſemence ? Eſt-ce pas toi le ſeul ?
Briefs & courts sõt les iours de l’home, & pleins de deul.
Le comte de ſes mois eſt en toi, de toi ſçu.
Son terme as établi, tu as borné ſon cours,
Qui ne peut ſe paſſer. Done lui donc repos
Tant que le dernier iour deſiré paſſe clos.
Ses iours, des iournaliers-à-tache ſont les iours.

vi. Quis mihi hoc tribuat.

Qui obtiendra pour moi que me gardes la-bas ?
Que tu me caches tant que paſſe ta fureur,
Et que faces le tems, qu’oubliant mon erreur
Te ſouuienes de moi pour ne me leſſer pas ?
Tiens-tu que l’home mort reuiue de rechef ?
Tous les iours que ie ſuis en guerre maintenant,
I’atan que deſur moi mon changement venant,
Me deliure ſoudain de mon triſte mecheſ.
Si me viens apeler ſubit ie te répon :
A l’euure de tes mains vien ta dêtre ieter :
Tous les pas que i’ai fais il t’a pleu de ieter :
Mais fais à mes pechés par ta grace pardon.

vii. Spiritus meus.

Mon eſprit s’amoindrît : & mes iours ſe defont :
Le tumbeau ſeul me reſte : Et ie n’ai point méfait.