Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/149

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contre leurs indignes rivaux et leurs détracteurs nombreux !

Malgré cette dernière sottise, Ambroise Audigny poursuivit :

— Qu’est-ce que le goût ? fantaisie, humeur. Les deux meilleurs critiques, Boileau et Sainte-Beuve, se trompent autant l’un que l’autre : le premier juge sainement de ses contemporains, mais il méprise Ronsard ; le second, au contraire, juge bien les vieux auteurs, mais ravale ses contemporains. Quels sont ceux qui font l’opinion actuelle ? Voilà une liste noire à dresser ! On critique comme on politique. Et c’est à qui le premier parlera d’une nouveauté : on parle des mérites et des défauts d’un livre avant même qu’il paraisse, que dis-je, avant qu’il soit écrit ! S’ils comprennent ce qu’ils lisent, ils n’y trouvent rien d’original : ils ont pensé avec l’auteur, donc ils pensent comme lui ; mais s’ils ne le comprennent pas, si clair qu’il