Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/160

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faire comme s’il n’y avait pas eu de longue séparation. D’abord, il regarda si peu sa femme qu’il ne vit point sa grossesse, qui devait être d’au moins sept mois.

De visage, Thérèse était demeurée la même. Elle était encore rousse. Le nez retroussé, les pommettes hautes, le petit menton en galoche, tout semblait vouloir se consumer dans la flamme proche de ses cheveux teints.

Leur première conversation roula sur la question du logement où ils eurent l’heureuse surprise de s’accorder ; mais cette unanimité ne dura qu’un moment. Non pas que Thérèse fût dans une disposition d’esprit défavorable, au contraire : abandonnée de son amant, elle avait résolu de s’accommoder de son mari. Seulement, il fallait qu’il l’y aidât un peu ; d’abord, devenir aimable à ses yeux, c’est-à-dire, au moins, pareil aux autres, par conséquent, travailler comme