Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/32

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Installé à sa place, Chiron tira la chaînette de sa lampe à abat-jour vert en forme de cône. Une dépêche en anglais gisait sur sa machine à écrire. Il la lut, puis l’épingla à un petit lutrin fait avec trois feuilles de carton, et diligemment se mit à la traduire.

Boureil titubant choppa contre un crachoir qui roula sur le parquet et vomit une liqueur jaune :

— Pouah ! Aussi quelle idée de garder cela près de soi !

Chiron releva ses paupières lourdes :

— On n’est pas bon journaliste si l’on ne crache pas beaucoup. Dans mon métier, il faut être bavard. S’il fallait attendre d’avoir quelque chose à dire pour remplir le journal !… D’ailleurs, les bouches sèches m’embarrassent toujours par leur mutisme. On dirait que les bonnes choses viennent avec l’activation des glandes salivaires. Il y aurait là-dessus une thèse à bâtir. As-tu