Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/85

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Vint l’heure de dîner. Boureil quitta le Trianon et s’engagea dans une ruelle. C’était déjà comme un intérieur ; le premier où lui fût permis l’accès. Les fenêtres des deuxièmes et troisièmes étages semblaient des cadres vides. Les personnages, aussi bizarres, aussi disparates que des portraits de plusieurs peintres de toutes les époques, étaient descendus comme lui dans la rue, et le côtoyaient. Au passage, Boureil admirait un balcon en fer forgé, une poignée de porte. Après avoir labouré Paris en taxi, il butinait. Mais, en suivant la pente, il arriva au bord de la Seine, et il eut soudain l’envie de s’y jeter, comme un enfant qui ne sait pas vivre malgré tout. Qu’était-il venu faire ? quel sens avait maintenant sa vie ? à quoi bon étudier pour soi ? pourquoi être si seul ?

Il entra dans une gargote et commanda du champagne. À une table voisine de la sienne, trois jeunes filles parlaient tout haut