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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/13

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nades ravissantes : le vieux château, l’allée de Lichtenthal et son couvent, Eberstein et la Favorite.

De plus, le salon de conversation, la salle des jeux, le théâtre du casino où l’on entendait les meilleurs chanteurs de Paris, où l’on jouait les plus jolies pièces du répertoire ; et enfin l’excellente musique autrichienne venant de Rastadt se faire entendre deux fois par semaine au kiosque.

Arrivés à Bade en septembre, nous y apprenions par le télégraphe la victoire de l’Alma remportée le 20 de ce mois sur les Russes par le maréchal de Saint-Arnaud.

Je vois encore la joie de mon père et la façon enthousiaste dont il s’entretenait de cet événement avec ses voisins de table d’hôte, lorsque par hasard ils parlaient français.

Il appartenait à cette génération qui, bien que née au bruit du canon de Wagram, avait assisté aux désastres qui marquèrent la chute du premier Empire. Mon père se rappelait qu’en 1815, au château de Chevilly, près Paris, appartenant à un de ses oncles, il avait été obligé de porter des fruits aux Cosaques du grand-duc Constantin qui s’y trouvait logé. Il avait conservé très vive la haine de l’étranger et l’extrême désir de voir laver l’affront infligé à la France par les deux invasions.