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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/14

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Cette première victoire du second Empire annoncée si brillamment par le rapport de Saint-Arnaud à l’Empereur et qui commentait ainsi : « Sire, le canon de Votre Majesté a parlé. L’armée russe, forte de plus de 40 000 hommes, occupait les hauteurs de l’Alma, etc. » lui causa un bonheur difficile à exprimer.

Il fut admirable ce jour-là, ce brave Saint-Arnaud que les conseillers municipaux de Paris ont voulu flétrir en débaptisant la rue qui portait son nom. Qu’ils sachent donc, s’ils l’ignorent, que ce maréchal de France, souffrant déjà du mal qui devait l’entraîner au tombeau quelques jours après son triomphe, se faisait, le jour de l’Alma, soutenir à cheval par deux cavaliers lorsqu’il craignait de faiblir au plus fort de la bataille.

Au lendemain du règne de la paix à tout prix que Louis-Philippe avait imposé au pays et surtout après les journées de Juin qui avaient menacé la société dans ses principes fondamentaux, la France reprenait possession d’elle-même. Elle se sentait protégée à l’intérieur par un gouvernement autoritaire et respectée au dehors après ce premier triomphe de son drapeau.

Le 16 mars 1856 tout le monde avait l’oreille tendue lorsque le premier coup de canon an-