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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/21

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des événements a prouvé qu’ils ne l’ont pas voulu.

En 1857, j’étais entré au lycée impérial. Ancien couvent de jésuites, c’était un superbe établissement sain et bien situé en face des Vosges.

A propos d’enseignement et d’Alsace, je veux dire un mot du peu de progrès que la langue française avait faits dans cette province depuis la conquête. La langue est en effet le signe de la race et tous les efforts des gouvernements qui se sont succédé en France depuis 1648 auraient dû tendre à extirper par tous les moyens possibles cette langue allemande mal prononcée, il est vrai, en Alsace, ce qui lui donne l’aspect d’un patois ! Cependant, en captivité en 1870, tous les soldats Alsaciens servaient d’interprètes à leurs camarades de l’intérieur.

Nous sommes arrivés à Colmar en 1851, deux cent trois ans après l’annexion. Eh bien ! il était souvent difficile de se faire comprendre même dans les magasins importants. Quant aux gens du peuple, ils ne parlaient pas un mot de français.

Les affiches de la préfecture ou de la mairie étaient rédigées dans les deux langues. L’ignorance de la langue française n’empêchait pas de faire partie du jury et la nécessité d’avoir un