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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/22

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interprète prolongeait énormément les débats. Dans la montagne, tous les poteaux indicateurs étaient en allemand.

Les curés prêchaient en allemand dans les villages. Dans les villes le français leur était imposé, mais l’accent de ces dignes prêtres était si déplorable qu’un sermon devenait incompréhensible pour la grande majorité des assistants.

Mgr André Rœss, mort en 1888 à quatre-vingt-quinze ans, était évêque de Strasbourg. Il vint à Colmar pour la confirmation que j’eus l’honneur de recevoir de sa main. A cette cérémonie l’évêque nous fit un long sermon en allemand, donnant ainsi ex cathedra un exemple regrettable à un clergé trop enclin à le suivre.

Ce prélat ne parlait presque jamais français et de plus il était très hostile à la propagation de notre langue dans son diocèse. J’en veux pour preuve la conversation qu’il eut avec mon père qui faisait partie de ce qu’on appelait la délégation cantonale chargée d’inspecter les écoles :

— Monseigneur, dit un jour mon père à l’évêque de Strasbourg, je suis désolé de constater le peu de progrès que le français a fait dans nos écoles.

— Ah ! voyez-fous, mossié l’avocat chénéral,