Aller au contenu

Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dit l’évêque avec son accent alsacien, le français il est la langue de Voltaire.

— C’est possible, lui répondit mon père, mais c’est aussi la langue de Bossuet.

— Oui, répliqua monseigneur de Strasbourg, mais si y savent le français, y liront Voltaire et y liront pas Bossuet.

Mon pauvre père se retira sans rien ajouter, car il aurait perdu son temps à lutter contre le germanisme et l’entêtement de Sa Grandeur.

Mgr Rœss, après 1870, siégea au Reichstag fort loin du banc des protestataires justement indignés de la violence faite à leur pays.

L’évêque avait une maison de campagne à Sigolsheim, près Colmar. J’allais quelquefois lui faire visite avec mes parents. Dans cette propriété il cultivait la vigne et le calembour. Comme on vantait la bonté de son vin : « Oui, disait-il, il est assez bon pour du vin mexicain, car c’est du Juarez (du jus à Rœss). »

Il n’en commettait pas seulement en Alsace. Étant un jour reçu aux Tuileries après la messe, l’impératrice Eugénie vint à lui dire qu’il devrait faire des quêtes pour élever une seconde tour à sa cathédrale : « Matâme, lui répondit-il, les efêques y sont pas tes faiseurs de tours. »

J’en passe et des meilleurs.