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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/24

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Mon père adressait, lorsqu’il faisait l’intérim du procureur général, des rapports au maréchal Canrobert, commandant alors à Nancy, dans lesquels il signalait ce fâcheux état de choses. Ces rapports n’étaient certainement pas lus. On fermait les yeux systématiquement aussi bien à Nancy qu’à Paris, et cela depuis Louis XIV.

Nous assistons depuis plus de vingt ans à une tout autre manière de procéder et, à part les vexations inutiles dont ils accablent le pays conquis, on ne peut s’empêcher de trouver que les Allemands sont dans le vrai.

Je ne vois pas bien l’évêque actuel de Strasbourg venant faire un sermon en français dans la cathédrale de Colmar. Il y a gros à parier qu’il n’en ferait pas un second. Nous étions plus indulgents pour Mgr André Rœss.

Il faut dire que depuis la conquête, les enfants alsaciens, pour faire enrager les vainqueurs, peut-être par esprit de contradiction, leur chantent sous le nez des refrains français qu’ils ont probablement appris avec beaucoup de peine.

Espérons que cette belle province d’Alsace nous reviendra un jour et mon vœu le plus cher est de voir avant de mourir le drapeau tricolore déployer de nouveau ses nobles plis sur les hauts sommets de ses montagnes !